Elle a été copiée, imitée, et elle a servi de source d'inspiration à de nombreux constructeurs actuels : Land Rover, Mitsubishi, Nissan, Toyota... Elle est encore fabriquée presque à l'identique en Inde, en Corée, en Chine, en Afrique du Sud, en Israël… Jamais, lorsque l’on entreprit sa construction, on aurait pu envisager un tel succès.
Il faut remonter aux années 30 pour comprendre ce qui a présidé à sa création. A l’époque, chez les militaires, le tout terrain par excellence était… le cheval.Mais il ne transportait qu’un seul passager, avec un équipement succinct, et exigeait une « maintenance » très contraignante. La moto, même avec un side, arrivait vite au bout de ses limites. Les militaires étaient donc à la recherche d’un engin capable de remplacer le cheval, avec évidemment, des possibilités accrues.
On assiste à quelques balbutiements sans suite, surtout de la part de Bantam, un petit constructeur américain qui produit des Austin sous licence. Mais le projet l’intéresse vivement car il voit là, un moyen d’améliorer sa situation guère brillante. Après moult délibérations, en juin 1940, les premières spécifications sont établies, parmi lesquelles on relève : 4 roues motrices, empattement de 80 pouces et surtout, poids de 590 kg ! Mais les militaires sont très exigeants. Alors que l’on part d’une feuille blanche, ils veulent que 70 véhicules soient construits en 75 jours, dont 49 seulement pour réaliser le premier prototype ! 135 appels d’offres seront adressés à des constructeurs potentiels, … 2 seulement répondront : Bantam, évidemment, et Willys !
C’est chez Bantam qu’un ingénieur très qualifié, tout juste embauché pour la circonstance, Karl Probst, accomplira l’exploit de réaliser les plans et les calculs de ce que sera la future Jeep en … 5 jours seulement ! De plus Bantam s’engage à livrer la commande dans les délais requis. Ce qui n’est pas le cas de Willys qui demande 75 jours pour réaliser le prototype et 120 jours pour livrer les premiers exemplaires. Du coup Bantam gagne la première manche, et livre son premier proto une demi-heure avant le délai limite. Seule entorse au devis initial, le poids est loin des 590 kg exigés. Le proto pèse en fait 920 kg. Mais Probst est confiant, persuadé qu’il sera impossible à quiconque d’obtenir ce poids, et l’avenir lui donnera raison. Les exigences de l’armée seront modifiées en conséquence par la suite.